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Modernisation de New-Delhi

Modernisation de New-Delhi

Je l'avais déjà évoqué sur ce blog... La ville de New -Delhi a décidé de moderniser ses infrastructures en vue d'accueillir les jeux du Commonwealth en 2010. Conséquence: déplacement de population,destructionde quartiers dans le centre ville, interdiction des boui- boui, grands chantiers pour faire de nouvelles rocades, autoroutes qui ont pour conséquence depuis quelques années des bouchons à perte de vue...

A lire un article très intéressant sur Aujourdhuilinde.com:

New Delhi est en pleine modernisation mais à quel prix ?

le 18/12/2007 à 19h00  par Iris Deroeux

New Delhi sera une "world class city" : voici le slogan du gouvernement de Delhi qui justifie ainsi tous les travaux entrepris dans la ville dans la perspective des Jeux du Commonwealth de 2010. Extension du métro, des bus, construction d’hôtels, etc. : la capitale de la puissance montante se transforme. Mais les critiques sont nombreuses, craignant que New Delhi ne se développe qu'au profit de la classe aisée.

 

Traverser New Delhi du nord au sud relève de l'exploit. Les travaux du métro s'entrecroisent avec la construction de nouvelles voies de bus, les piétons ne savent plus comment traverser tandis que les millions d'automobilistes deviennent fous. L'ère des grands chantiers est arrivée : des routes à quatre voies, 40 nouveaux ponts suspendus, trois lignes de métro, des voies de bus spéciales, dix-neuf grands hôtels, des centres commerciaux et même des stades rénovés et un village pour sportifs… Car ces grands travaux ont un but, l'organisation des Jeux du Commonwealth en octobre 2010, à New Delhi.

Sheila Dikshit, la ministre en chef du territoire de Delhi où se situe la ville, en a fait son projet phare. New Delhi doit devenir une "world class city" afin d'accueillir près de 10 000 athlètes internationaux et leurs supporters. Selon la DDA (Delhi development authority, en charge de tous les chantiers entrepris dans la ville), une "world class city" se développe en ayant en ligne de mire "les conventions et congrès internationaux, le tourisme et le sport international". Les autorités de la ville et du territoire ne lésinent pas sur les moyens pour y parvenir : près 7 milliards de dollars seraient investis pour offrir à New Delhi le lifting nécessaire. (1)

Au-delà du fait qu'il est peu probable que tous les travaux engagés soient terminés pour octobre 2010, de nombreux observateurs restent sceptiques quant à l'utilisation de ces sommes d'argent faramineuses et l'inanité de certains projets (comme l'idée d'un stade de rugby finalement abandonnée devant la pression des opposants, ahuris qu'un tel projet voit le jour dans un pays où personne n'y joue).

Hazards, le centre de réflexion sur les conditions de vie des habitants de Delhi dénonce un projet en forme de cadeau pour les grands groupes privés. Les chercheurs du centre ont passé des mois à tenter de comprendre quelles sommes allaient être allouées à quels projets et pour quels résultats. Ils en concluent que ces jeux sont avant tout "une stratégie économique pour servir les gros intérêts financiers à travers un programme de modernisation de la ville", une stratégie qui favorise "une privatisation de l'espace" duquel sont exclus les habitants les plus défavorisés. Hazard rappelle non seulement que les sommes engagées auraient pu servir "au logement social, à l'éducation ou à des équipements sportifs pour tous", mais aussi que pour préparer les jeux, la ville est en train de déplacer les populations "qui ne font pas bonne figure, les mendiants (estimés à 60 000) et les vendeurs de rue en premier lieu, sans leur proposer d'alternative".

Le centre reconnaît l'intérêt de certains projets comme l'extension du métro ou les nouvelles voies de bus mais critique la méthode. "Les nouvelles lignes desservent des lieux déjà bien connectés ou bien elles se dirigent vers des zones peu habitées, ne prenant pas en compte les grandes migrations quotidiennes ; seules les classes supérieures déjà bien loties en bénéficient", explique Dunu Roy, directeur de Hazards.

Une critique reprise par la chercheuse Amita Baviskar qui s'interroge : "Pourquoi est-ce que l'on dépense 300 millions de dollars à créer encore plus de routes, à couper des arbres, à faire de la vie du piéton et du cycliste un cauchemar ? Il y a deux raisons que le gouvernement ne peut ignorer : la première, l'intérêt des classes aisées de la ville qui ne voient pas plus loin que leur nouvelle voiture ; la seconde, l'intérêt financier des constructeurs de routes qui se compte en milliards." (2)

D'autres s'inquiètent surtout des conséquences environnementales. Ainsi, la construction du village des athlètes sur les rives de la Yamuna fait hurler les militants écologistes : les rives sont une zone inondable dont le fleuve a besoin pour éponger les quantités d'eau qui se déversent pendant la mousson. Selon eux, cette zone devrait être interdite à la construction. Mais le gouvernement de Sheila Dikshit n'en démord pas, il veut canaliser le fleuve pour faire de ces rives une zone immobilière.

Quand on interroge la DDA au sujet de ces critiques, voici la réponse, "ces militants se font surtout de la publicité ; mais c'est dommage qu'ils ne comprennent pas que la modernisation a un prix".

(1) Données calculées par le centre Hazard, publiées en septembre 2007 dans un document intitulé "2010 Commonwealth games in Delhi : How much does national prestige cost ?".
(2) Article paru dans le supplément du magazine Outlook, Delhi limits, le 11 juillet 2007