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De India
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Presse et Trios...

Presse et Trios...

Quand j'entends parler du rachat du journal du "Monde" dans la presse par le trio "Bergé-Niel-Pigasse":

 

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 (AFP 28/06/2010): "L'offre de reprise du Monde par le trio Bergé-Niel-Pigasse l'a emporté lundi d'une courte tête, par onze voix sur 20 au sein du Conseil de surveillance, alors qu'elle avait été plébiscitée par les salariés et était seule en lice après le retrait de son rival."


 

 

 

 

 

Je ne peux pas m'empécher de penser à un autre trio d'investisseurs, celui-ci fictif, dans le roman, Histoire de mes assassins de Tarun J Tejpal ,  (qui est également l'auteur de Loin de Chandigarh")que je suis en train de lire. Cela donne toujours le vertige quand le roman que vous lisez est un reflet même lointain d'une certaine réalité...est-ce que cette pratique de trios est courante? Je reviendrai ici pour parler de façon plus précise de ce roman (quand je l'aurais fini!)...en attendant, en voici un petit extrait....

 

Nous nous trouvons au début du roman: le narrateur est un journaliste dont le journal a besoin d'un financement. Avec son collègue Jai, ils rencontrent un trio d'investisseurs...

 

" Je dois avouer que je n'étais pas surpris par la mauvaise tournure des évenements. Le trio m'avait toujours inspiré un certain scepticisme et je ne crois pas qu'ils m'appréciaient non plus. Au début, aveuglé par son enthousiasme, Jai n'avait pas lésiné sur l'étendue de leurs mérites. " Des types bien, qui ont fait fortune et ne cherchent plus vraiment à s'enrichir. Ils veulent investir dans le social, dans les choses qui ont du sens. Je les connais depuis qu'ils sont en culottes courtes. Des gars corrects, pas des gosses de riches. En tout cas, les financiers parfaits pour notre projet. On ne peut pas rêver mieux. Au moins, ils parlent le même langage que nous. On pourra s'entendre. Souviens-toi du type que nous sommes allés voir à Connaught Place et qui voulait voir notre bilan. On ne savait pas de quoi il parlait. Pense aux raseurs pour qui on a travaillé. Ca ne peut pas être pire!"

 

 

Il me semble quand même intéressant de préciser que Tarun J Tejpal est lui-même un journaliste, sans doute, déjà confronté au problème puisqu'il est le fondateur de l'hebdomadaire indépendant d'actualité en ligne: Tehelka.com, qui avait dénoncé au début des années 2000 des politiciens corrompus.


Quand on demande à Tarun Tejpal pourquoi il écrit des romans, l’auteur répond : « La presse travaille à grands traits, elle simplifie, elle décrit vite, elle réagit à l'événement. La littérature montre le terreau qui voit naître l'actualité, elle peut entrer dans la psyché d'un meurtrier. Elle rend l'existence de chacun plus riche, plus émotionnelle, plus compliquée. La littérature arrive à montrer qu'un assassin est aussi une victime, que le pire d'entre eux a été innocent un jour. Qu'un oublié d'une caste pauvre possède une personnalité, une subjectivité aussi complexe qu'un homme de pouvoir, que les deux sont à égalité en humanité. Seulement, pour arriver à décrire de façon juste, précise, détaillée, la réalité des vies et notre monde dangereux, le journalisme est d'une aide précieuse. Sans enquête, sans être allé sur le terrain, sans avoir fait du reportage, jamais je n'aurais réussi à décrire avec force mes personnages et à les rendre crédibles ».

Un Zola contemporain avec un zeste de Dostoïevski! Enfin!